C’est la naïveté entretenue comme vertu souveraine qui engendre tôt ou tard la pédanterie et la sottise ; ce sont les Agnès qui font les Philamintes et les Bélises. N’est-ce pas l’égale impatience des deux excès opposés qui excitait la verve et la raison de Molière lorsque, sous la figure d’Henriette, il rétablissait si dignement la femme au foyer domestique, en la parant de toutes les grâces du bon sens ? Et ce n’est pas seulement Henriette qui épouse un honnête homme : Armande aussi est destinée à se marier, « quoi qu’on die » ; moins heureusement peut-être : c’est la rançon de ses erreurs ; mais elle fera souche comme sa sœur, et elle n’élèvera certainement pas ses enfants comme elle a été elle-même élevée. Ce que Chrysale demande à Philaminte dans sa sagesse bornée et vulgaire, mais justifiée par les extravagances de sa femme, c’est qu’elle renonce à chercher ce qu’on fait dans la lune pour se mêler un peu de ce qu’on fait chez elle. Le retour aux soins de la famille, telle nous paraît être la haute moralité des Femmes savantes ; et cette conclusion que Molière laisse tirer de sa pièce est la leçon directe qui ressort de l’Éducation des filles.
« La femme, écrit Fénelon, n’a point à gouverner l’État, ni à faire la guerre, ni à entrer dans le ministère des choses sacrées. Ni la politique, ni la jurisprudence, ni la philosophie, ni la théologie, ne lui conviennent. » — Se proposait-il de répondre à Poulain de La Barre ? — « Elle a une maison à régler, un mari à rendre heureux, des enfants à bien élever. » — Ne semble-t-il pas ici qu’il réfute à son tour Mlle de Scudéry ? — Et ailleurs, reprenant la même pensée pour la développer : « C’est la femme, dit-il, qui est chargée