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d’un fils qui était mort sous ses yeux au siège de Candie, il avait reporté sur ce neveu toute son affection. Le fondateur de Saint-Sulpice, M. Olier, ayant, en vue de combattre l’usage du duel, formé une association de gentilshommes éprouvés, l’avait placé à la tête de cette compagnie. Les relations qui s’ensuivirent déterminèrent le marquis à faire entrer Fénelon au séminaire de Saint-Sulpice. Ce fut là qu’il reçut les ordres à vingt-quatre ans.

Saint-Simon, qui lui attribue dès la jeunesse toutes les ambitions dont il a sans compter chargé son âge mûr, nous le montre à cette époque frappant « à toutes les portes sans se les pouvoir faire ouvrir. Piqué contre les Jésuites, où il s’était adressé d’abord comme aux maîtres des grâces de son état, et rebuté de ne pouvoir prendre avec eux, il se tourna aux Jansénistes pour se dépiquer, par l’esprit et par la réputation qu’il se flattait de tirer d’eux, des dons de la fortune qui l’avait méprisé. » Quelque attentif que Fénelon pût être à l’avenir, à ce moment c’était d’un autre côté que se tournait sa pensée. Au séminaire il avait conçu le projet de se consacrer aux missions du Canada, où la Congrégation avait un établissement ; pour l’arracher à ce rêve, il n’avait fallu rien moins que les instances de son maître, l’abbé Tronson, et les adjurations, d’un oncle maternel, l’évêque de Sarlat. Peu après sa sortie de Saint-Sulpice, la passion le reprit de se vouer à la conversion des infidèles, et cette fois il se sentit attiré vers la Grèce, cédant en cela à l’entraînement de son imagination « pour les beaux lieux et les ruines toutes pleines des souvenirs de l’antiquité, » non moins peut-être qu’à l’ardeur de sa foi. On essaya de donner