pour quelque chose dans l’espèce d’allégresse héroïque avec laquelle elle a marché au-devant de la mort ?
Toute la politique de Mme Roland, si ce mot peut s’appliquer aux actes de sa vie publique, toute sa politique est conforme à cet esprit de résolution réfléchi et éclairé, sans fanatisme comme sans défaillance. Dans ses Mémoires et ses derniers écrits, ainsi que dans ses Lettres de jeunesse, l’ampleur et l’éclat de son style, ses invocations, ses exclamations, le train oratoire et la phraséologie parfois si fatigante qu’elle tient de ses maîtres du dix-huitième siècle, de Rousseau plus que tout autre, risquent de tromper sur l’exactitude et la justesse de sa pensée : au fond, si l’on écarte quelques emportements à jamais regrettables, sa pensée est presque toujours sage et mesurée. Mme Roland a l’enthousiasme de la Révolution, non l’ivresse. Elle n’est pas seulement l’âme éloquente de son parti ; Robespierre et Danton ne s’y trompaient pas : elle en est la raison agissante. Par la passion, a dit Michelet, elle était arrivée à l’idée et elle s’y tenait : cœur chaud, tête saine. Jamais femme n’a moins connu ce que Rousseau appelait, en la glorifiant, « la folie » de la vertu. Au lendemain des premières journées de 1789, tandis que ses amis s’endorment dans les rêves ou s’égarent dans les utopies, c’est elle qui les réveille et les ramène au sentiment pratique des nécessités présentes. Une Constitution qui établisse les droits de la nation, des finances qui lui assurent un lendemain, voilà ce qu’elle leur demande avec la précision et la simplicité familière du bon sens. « Toute Parisienne que je sois, je dirai que vous n’êtes que des myrmidons, tant