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œil dans toute la maison, de la cave au grenier. La plupart de ses billets à Bosc commencent ou se terminent par l’annonce naïve d’un nouveau progrès de l’enfant qui marche dans l’ombre comme au grand jour et n’a peur de rien ; qui n’imagine pas qu’il vaille la peine de mentir sur quoi que ce soit et qui se croit belle quand on lui dit qu’elle est sage et qu’elle a une robe toute blanche ; qui lit bien, s’amuse à faire des figures de géométrie et ne connaîtra bientôt plus d’autres joujoux que son aiguille ; qui aime les histoires, à la condition qu’elle n’ait pas à tendre l’oreille plus d’une demi-heure pour en savoir la fin ; qui avait jadis une forte tendance à faire tout le contraire de ce qu’on lui disait, mais que la raison gagne et qui s’applaudit d’une obéissance comme ferait un héros d’un effort sublime ; qui révère son père, bien qu’il joue beaucoup avec elle, mais qui n’a pas de plus grande confidente en toutes choses que sa mère et qui est fort embarrassée de sa petite personne lorsqu’il y a brouille, car elle ne sait plus à qui demander ses plaisirs et raconter ses folies, etc. Tous ces détails gracieux où se répand le cœur de la mère sont entremêlés de renseignements d’un égal intérêt sur les notes que l’épouse recueille pour son mari. Un jour viendra où ses amis croiront lui faire honneur en révélant cette intime et secrète collaboration qui devait lui être imputée à crime. « Mon Dieu, s’écrie-t-elle, non par souci du danger qu’elle bravait, mais par impatience de tout ce qui semble viser l’éclat, mon Dieu, qu’ils m’ont rendu un mauvais service ceux qui se sont avisés de lever le voile sous lequel j’aimais à demeurer ! Durant douze années de ma vie, j’ai travaillé avec mon bon ami, comme j’y mangeais, parce