Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée

rendant pénibles pour chacun ; ces hommes publics si bavards et tant affairés ne font bruit des difficultés que par leur maladresse à les vaincre ou leur ignorance à gouverner. » C’est à donner aux femmes le charme dans la solidité que doit tendre, de l’avis de Mme Roland, toute leur éducation ; et voici comment elle en entend la direction.

Dans l’enthousiasme de la vingtième année, elle écrivait à Sophie Cannet : « On pourrait dire des femmes que, favorisées par la nature à tant d’égards, faites pour embellir l’univers, il ne leur manque que d’être élevées comme les hommes pour l’étonner et lui montrer des vertus que jusque-là il croyait affectées aux hommes par préférence. » Pure exubérance d’ambition de jeunesse, dira-t-elle à trente ans en souriant. Jamais la chimère de l’égalité des sexes ne la toucha sérieusement. Ses amis aimaient « à la faire jaser » sur ce point, et elle répliquait avec verve : « Non, je ne veux pas recevoir de loi, mais je ne prétends pas non plus en imposer à personne… Les lois nous laissent sous une tutelle presque continuelle, et l’usage nous défère dans la société tous les petits honneurs ; nous ne sommes rien pour agir, nous sommes tout pour représenter. Soit. Je crois, je ne dirai pas autant qu’aucune femme, mais autant qu’aucun homme, à la supériorité de votre sexe à tous égards. Vous avez la force d’abord et tout ce qui y tient ou ce qui en résulte : le courage, la persévérance, les grandes vues et les grands talents. C’est à vous de faire les lois en politique comme les découvertes dans les sciences ; gouvernez le monde, changez la surface du globe, soyez fiers, terribles et savants ; vous êtes tout