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honnête homme, le citoyen… » Et ce qu’elle semble confier à son amie, sur un prétexte elle l’écrit à Rousseau lui-même. Ne recevant pas de réponse, elle va le voir. « On n’entre pas dans les temples avec plus de vénération que je n’en avais à cette humble porte, raconte-t-elle (Rousseau habitait alors rue Plâtrière, dans l’allée d’un cordonnier, au second) ; j’étais pénétrée ; je flottais entre l’espérance et la crainte. Serait-il possible, pensais-je, que je pusse dire de lui ce qu’il a dit des savants : Je les prenais pour des anges, je ne passais pas sans respect devant le seuil de leur demeure ; je les ai vus, c’est la seule chose dont ils m’aient désabusé ? » Reçue par Thérèse qui entr’ouvre à peine la porte en tenant toujours la main à la serrure et qui se borne à lui répondre que Rousseau a renoncé à tout, qu’il ne voit personne, qu’il est d’âge à se reposer, elle redescend l’escalier, moins étonnée que déçue, mais plus que jamais enivrée par l’enthousiasme. Dix-huit ans après, résumant dans ses Mémoires l’impression que lui avait faite cette crise : « Il me semblait, dit-elle, que j’avais rencontré l’aliment qui m’était propre, que Rousseau était l’interprète des sentiments que j’avais avant lui, mais que lui seul savait m’expliquer. »

On ne saurait plus nettement accuser une parenté d’élection. Mme Roland est une fille de Rousseau ; et il est aisé de démêler dans l’ensemble de son caractère, de ses sentiments, de ses idées, les traits où elle se retrouvait en lui.

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