chez les femmes les excès du sentiment, et c’est au dedans d’elles-mêmes qu’incessamment elle les ramène : il n’est pas de thèse sur laquelle elle revienne avec plus d’insistance et de force.
Dans un de ces moments « d’exagération » qu’elle se passait si rarement, elle avait eu, paraît-il, la pensée d’écrire un traité spécial sur les femmes. Son plan comprenait trois parties. Elle se proposait de prouver d’abord « que les hommes ne peuvent attribuer à la différence des organes la supériorité de leurs talents et qu’il faut l’attribuer nécessairement à l’éducation. » Elle devait ensuite « parler de cette éducation même et des objets dont on occupe les femmes, pour démontrer que la nature de ces objets modifie leur esprit et leurs penchants, sans exiger moins d’intelligence ni de capacité. » Dans la troisième partie, elle se réservait de « citer divers traits établissant que, si les femmes ne sont pas susceptibles d’une aussi grande application que les hommes, elles sont, en revanche, plus continuellement vertueuses et plus patientes, sorte de constance qui vaut bien celle du travail. » « Qui sait, ajoutait-elle, si la force qui supporte la douleur n’est pas la même que celle qui donne le génie ? Au moins serait-ce une question de savoir si l’on doit apprécier le génie par la grandeur des objets dont on s’occupe ou par la finesse des moyens qu’on sait mettre en usage ; quel est, en un mot, le genre d’esprit qui détermine la supériorité. À la vérité, si les femmes, même celles qui sont célèbres, ont toujours été médiocres, c’est qu’aucun secours ne leur a été prêté et qu’elles ont usé leur force à vaincre les obstacles. » Elle renonça sagement à plaider cette cause. En l’abandonnant, il ne