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respect, après sa mort, « des longues et solides obligations » qu’ils lui ont. Plus la matière était simple et mieux elle convenait à son humeur. Elle se reconnaissait de ce chef inférieure à Mme de Grignan. Je suis « grossière, » disait-elle d’elle-même en souriant. Les raisonnements abstraits qui plaisent à sa fille lui sont contraires ; elle a l’esprit « carré » et demande qu’on lui épaississe les choses ; elle ne veut point « philosopher » et se borne à « rêver bonnement, comme on le faisait du temps que le cœur était à gauche. » À Dieu ne plaise qu’elle se donne pour habile : Elle n’est que sage et docile ! cela lui suffit pour le perfectionnement intérieur qu’elle poursuit. Elle sait que les femmes « ayant la permission d’être faibles, se servent sans scrupule de leur privilège » ; mais elle considère qu’après tout les hommes ne sont pas moins exposés pas leurs passions, et trouve même que leur vertu « est bien plus délicate encore et plus blonde que celle des femmes. » Elle a confiance, pour son sexe, dans la force de l’éducation. C’est à cette discipline qu’en revenaient volontiers les femmes de son temps, alors qu’après l’éclat d’une vie dissipée, elles entrevoyaient les ombres de la mort. Mme de Sévigné, veuve à vingt-six ans, avait, dès cet âge, commencé à sa replier et à se régir. Ennemie du couvent et des vœux, elle aimait la règle et ne croyait pas qu’on pût jamais cesser de se l’appliquer. Quand elle prenait la défense de Pauline, elle affirmait volontiers que l’enfance n’est point bonne à se corriger. Mais la raison venue avec la jeunesse et croissant