La profondeur du dissentiment s’accuse mieux encore dans les questions qui touchent à l’éducation des femmes. Les amis de Mme d’Épinay, dans une pensée de complaisance et pour mieux établir que son fils, qu’elle n’avait pu façonner à sa guise, n’avait rien de commun avec elle, ne l’appelaient le plus souvent que le fils de M. d’Épinay. Pauline, au contraire, est bien sa fille. Elle ne s’en était séparée avant son mariage que deux fois : la première, au moment de son voyage à Genève, et en la laissant entre les mains de Mme d’Esclavelles ; la seconde, pour lui faire faire sa première communion au couvent, suivant l’usage. Si elle l’avait laissée épouser à quinze ans M. de Belsunce, c’était par la crainte d’une fin prématurée. Même dans les premières années de son mariage, Mme de Belsunce ne resta jamais sans venir de ses terres de Navarre passer une saison avec sa mère. Rentrée définitivement à Paris, c’est elle qui la remplaçait auprès de ses correspondants, toutes les fois que Mme d’Épinay était empêchée de tenir la plume. Cette étroite intimité dont elles jouissaient autant l’une que l’autre était la juste récompense des soins de Mme d’Épinay. Elle s’était fait seconder dans son éducation par Mlle Durand et Mlle Dervillé, deux gouvernantes de mérite, deux esprits mieux faits que Linant ; mais sans jamais cesser d’avoir l’œil et la main à tout. « Qu’est-ce que vous voulez que fasse sur un enfant, disait impertinemment Duclos à Linant, un