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faculté inactive. D’autre part, nul plus que Linant ne dut contribuer à l’éclairer, par le décousu de ses procédés, sur les dangers de la théorie du travail sans travail ; et sa propre expérience acheva de la convaincre. « Toutes les méthodes agréables d’apprendre aux enfants les sciences sont fausses et absurdes, lui écrivait l’abbé Galiani dans une de ces boutades où l’esprit le dispute au bon sens ; car il n’est pas question d’apprendre la géographie ou la géométrie, mais bien de s’accoutumer à travailler, c’est-à-dire à fixer son esprit sur un objet. » — « Je m’en étais bien doutée, répondait-elle, que les méthodes agréables ne valaient rien pour les enfants. Seulement, comme j’ai la sotte habitude de ne m’en pas rapporter à mes idées, lorsqu’elles ne sont pas confirmées par les gens en qui je crois, je croyais me tromper. Actuellement, mon charmant abbé, que votre lettre est venue mettre le sceau à mes opinions, l’univers et tous messieurs les infaillibles me soutiendraient le contraire que je n’en démordrais plus. Aujourd’hui d’ailleurs la démonstration est faite : parmi les élèves dont je me suis chargée, aucun n’a réussi que je n’aie forcé par l’application à vaincre les difficultés. J’entreprends à cette heure mes petits-enfants ; je me propose cette rigueur avec eux, et certainement ils y passeront. » Cette sorte de réhabilitation de l’effort était devenue chez Mme d’Épinay, comme elle le confessait, une sorte de manie. Elle ne condamnait pas avec moins de sévérité la méthode qui consistait à faire remonter Émile à l’origine de toutes les sciences, de façon à les lui faire retrouver, comme s’il était nécessaire d’inventer ce qu’il suffisait d’apprendre ! Mais ce qui porta le dernier coup à sa confiance, c’est la légèreté