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La curiosité de son esprit se portait sur tous les sujets : métaphysique, morale, histoire, théâtre, arts, économie politique. Elle était l’auxiliaire appréciée de Grimm et de Diderot. « Chacune de vos lettres est une encyclopédie, » lui écrivait l’abbé Galiani, qu’elle a tenu presque seule pendant près de quinze ans au courant de toutes les nouvelles politiques, scientifiques et littéraires de Paris. Mais les questions d’éducation sont, entre toutes, celles qui lui tiennent le plus au cœur, et c’est par ses enfants qu’elle en a connu l’intérêt et le charme. Toujours tendre, toujours caressante, toujours applaudissante — ainsi la caractérisait Galiani, — elle avait naturellement le cœur ouvert au sentiment maternel. À la première trahison de M. d’Épinay, c’est la pensée de son fils qui l’avait sauvée d’un parti extrême ; et, lorsque Francueil la quitte, elle ne résiste au désir de se jeter dans un couvent qu’en songeant au sort de sa fille. « Mes journées sont partagées entre le soin de mon père, de ma mère et celui de mes enfants ; cette occupation est délicieuse, » répète-t-elle sans cesse dans son journal. — « Ma fille et mes petits-enfants, mes petits-enfants et ma fille, » dira-t-elle plus tard, devenue grand’mère. — C’est bien là, en effet, son monde d’habitude et de prédilection. Pauline est sous la garde de sa gouvernante ; son frère a un précepteur, Linant ; mais ni l’un ni l’autre n’ont pour elle, suivant les mœurs du temps, ce respect melé d’effroi que nous décrit d’Aguesseau