serai enfant jusqu’à l’âge où l’on retombe en enfance ; je le suis au point d’en faire gloire. » Cependant elle ne se fût pas refusée sans doute à suivre tout d’abord ce que Grimm appelle sa vocation. Vive et mobile, mais bonne, simple, confiante, ayant naturellement le goût de l’honnêteté et du devoir, elle avait partout cherché des appuis ; partout les appuis lui avaient manqué. Sa mère, affectueuse et dévouée, mais préservée contre les entraînements et les frivolités du siècle par les habitudes d’une dévotion presque austère, était faite pour la consoler plutôt que pour la conduire ; son oncle, M. de Bellegarde (elle avait perdu son père à dix ans), fort capable de prendre de fermes mesures pour parer à un danger pressant, mais d’humeur naturellement douce et que sa femme avait longtemps tenu sous le joug, se laissait difficilement enlever à sa quiétude : « les sentiments ne s’exprimaient chez lui que par un signe de tête, un petit sourire, un air qui effleurait à peine son visage ; on eût dit parfois qu’il n’entendait ni ne voyait. » Son mari — un homme, disait Diderot, qui a mangé deux millions sans dire un bon mot, ni faire une bonne action — ne l’avait pas épousée depuis deux mois, qu’il commençait à la négliger ; au bout d’un an, la séparation était accomplie et irrémédiable. Autour d’elle, de pures mondaines : Mme de Roncherolles, une mondaine de couvent, très entichée de noblesse, hautaine, de principes faciles pour les autres, sinon pour elle-même, et à qui il suffisait de répondre à ceux qui s’intéressaient à la jeune femme : « Si elle est mal dirigée, elle s’égarera ; mais elle ne se perdra jamais, et qui est-ce qui ne s’égare pas ? » ; — une mondaine de salon, Mme
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