Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

J.-J. ROUSSEAU



En conduisant l’histoire d’Émile jusqu’à son mariage avec Sophie, Rousseau ne se proposait pas seulement de lui donner une sorte de dénouement. Il avait sur l’éducation des femmes ses vues arrêtées, ses principes, et il en a pénétré toute la seconde moitié du dix-huitième siècle. Lorsque, en 1740, introduit comme précepteur dans la maison de M. de Mably, il rédigeait son projet pour l’éducation de M. de Sainte-Marie, il confessait son insuffisance. « Je commence, disait-il, un métier que je n’ai jamais exercé. » Neuf ans plus tard, quand il reprenait son mémoire pour s’en faire un titre auprès de M. Dupin, dont le plus jeune fils, le marquis de Chenonceaux, allait lui être confié, il parlait hardiment de ses observations prolongées, de son expérience, des conséquences qu’il en avait tirées. Et il n’aurait pas hésité à les mettre en pratique, s’il n’eût considéré que « ces essais étaient de ceux qu’il n’est point permis de tenter sur un enfant qui n’est pas à soi. » C’était presque dire que, dès ce moment, l’enfant de son imagination était né. Sophie n’est pas plus qu’Émile un idéal improvisé. Si, pour essayer de lui donner