de Grignan, elle ne craint pas, quand il le faut, de l’attaquer franchement. « Il y a de certaines philosophies qui sont en pure perte, lui dit-elle un jour où elle croit nécessaire de l’éclairer sur le danger de ses froideurs, et dont personne ne vous sait gré. » Elle demande qu’on ne mène point sa petite-fille rudement. Elle est de l’école de la douceur et du raisonnement. Mme de Grignan lui représentait Pauline comme « farouche dans sa chambre, alors que ses esprits l’emportaient » ; elle s’en montre fort surprise, elle la croyait toute de miel ; mais fût-il vrai, bien loin de se rebuter, il faut lui parler raison sans la gronder, sans l’humilier, car cela la révolte ; elle aime sa mère, elle s’aime elle-même, elle veut plaire : il ne faut que cela pour la corriger. « Je suis fort aise de lui attirer vos bontés, fait-elle entendre constamment à sa fille sous une forme ou sous une autre, et de vous adoucir pour elle, » jusqu’au moment où, triomphant du succès de ses conseils, elle s’écrie : « Ne vous l’avais-je pas bien dit qu’il ne dépendait que de vous, en causant avec elle sans vivacité ni colère, d’en faire la plus aimable compagnie ? »
La direction de son esprit ne la touche pas moins que celle de son caractère. Elle avait tâté Mme de Grignan pour savoir si elle ne voudrait pas bien la lui donner à élever. Ne pouvant l’entretenir à son aise, ce qui eût été à ses yeux le moyen le plus sûr de la former, elle lui choisit ses lectures. Pauline ne mordait pas beaucoup à la métaphysique, et Mme de Sévigné n’en témoignait