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avait elle-même demandé des avis pour la direction de sa petite-fille qu’elle lui avait confiée. Sa réponse n’est qu’une ébauche, mais une ébauche où elle établit les règles de conduite essentielles à suivre pour les enfants. Le cœur de la grand’mère s’y découvre par endroits. « La petite personne est vive et confiante, souple et flatteuse, disposée à l’évaporation et à l’étourderie. » Cela n’est pas sans lui donner quelque souci : l’esprit de complaisance, la vanité, la légèreté sont des « semences de défauts. » Toutefois ce n’est qu’en passant qu’elle donne ce soulagement à ses préoccupations personnelles. La lettre a une portée générale. Mme de Lambert croit comme Mme de Maintenon à la puissance du sentiment de l’honneur et de la raison chez les enfants : « Les enfants aiment à être traités en personnes raisonnables, dit-elle ; il faut entretenir en eux cette espèce de fierté ; il faut aussi leur donner un grand amour de la vérité et leur apprendre à la pratiquer à leurs dépens. » Conformément à ces règles, elle condamne l’usage immodéré de la louange, qui ne sert qu’à exalter l’orgueil, alors surtout qu’elle s’adresse aux qualités extérieures. Elle ne désapprouve pas moins sévèrement que Fénelon les dons de friandise ou de parure, qui ne font qu’augmenter le goût du plaisir, la gourmandise ou la coquetterie. Elle devance même Rousseau en conseillant de donner aux enfants ce qu’ils souhaitent, non comme la récompense, mais comme la conséquence du bien qu’ils ont accompli. Elle a la tendresse réservée et grave ; il lui paraît aussi funeste « de se laisser surprendre par les manèges de gentillesse que de céder aux larmes d’opiniâtreté : il n’est pas bon que les enfants voient trop combien ils sont