qui va au-devant de l’instruction et qu’il ne s’agit que de régler, une connaissance commencée et qu’il faut entretenir. Le vide de l’ignorance l’effraye : « il faut avoir des vérités dans l’esprit qui le préservent de l’erreur, comme on a dans le cœur des sentiments qui le ferment aux passions. » Si la pédanterie est un vice de l’intelligence, le savoir en est l’ornement. Son programme d’instruction est riche, plus riche même à quelques égards que celui de Fénelon. Elle y comprend au premier rang, pour les jeunes filles comme pour les jeunes gens, l’histoire, qu’elle considère comme la science de l’homme par excellence : l’histoire grecque et l’histoire romaine, « qui nourrissent le courage par les grandes actions qu’on y voit » ; l’histoire de France aussi : « il n’est pas permis d’ignorer l’histoire de son pays. » Elle y voudrait, en outre, de la morale et même un peu de philosophie, surtout de la nouvelle, si on en est capable : « la philosophie met de la précision dans l’esprit, démêle les idées, apprend à penser juste » ; c’est une Cartésienne : en fait de religion, sa règle est de céder aux autorités ; mais sur tout autre sujet elle n’entend recevoir « que l’autorité de la raison et de l’évidence : c’est donner des limites trop étroites à ses pensées que de les renfermer dans celles d’autrui. » Pour les langues, quoiqu’une femme doive se contenter de parler celle de son pays, elle ne s’opposerait pas « à l’inclination que l’on pourrait avoir en faveur du latin » : le latin est la langue de l’Église ; il a l’avantage, en outre, d’ouvrir la porte aux sciences et de mettre en société avec ce qu’il y a eu de meilleur dans tous les siècles. Très ferme sur tous ces points, Mme de Lambert est en même temps, sur d’autres, pleine
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