mettait pas à répandre des fleuves de sang, à faire taire les lois et à faire gémir le peuple ; qui croyait qu’il valait mieux rendre les hommes heureux que de les assujettir pour les rendre misérables ; qui aurait pris la royauté non pour lui, mais pour les autres, persuadé qu’elle ne lui était que prêtée et qu’il se devait à l’État ? » Plus tard, en le remerciant des termes dans lesquels il avait parlé à M. de Sacy des Avis d’une mère à son fils, elle ajoutait avec une émotion faite pour aller au cœur de Fénelon : « Nous sommes ici dans une société très unie sur la sorte d’admiration que nous avons pour vous. Combien de fois, dans la calamité publique, dans de si grands malheurs si bien sentis et d’autres si justement appréhendés, avons-nous dit avec de vos amis : Nous avons un sage dont les conseils pourraient nous aider ; pourquoi faut-il que tant de mérites et de talents soient inutiles à la patrie ? » Dans une autre lettre enfin, elle laisse entendre que la société avait résolu de faire à Cambrai une sorte de pèlerinage ; la guerre sans doute ne permit pas de donner suite à ce projet. Malgré l’intimité de cette correspondance, il ne semble pas cependant que Fénelon ait jamais eu connaissance des Avis d’une mère à sa fille, bien qu’il en eût demandé la communication ; mais il savait par d’autres encore que par Mme de Lambert elle-même que « personne ne s’était occupé davantage de ses idées et n’avait pris plus de soin de se les rendre propres. »
Elle le déclare en effet tout d’abord, comme lui : son intention est de tirer les jeunes filles des préjugés de l’éducation commune et d’en étendre les bornes. Après lui, elle répète que la curiosité est un penchant de la nature