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d’agrément n’ont de valeur à ses yeux qu’autant qu’elles ont pour fondement la véracité, la fidélité, la solidité du caractère. Honte à ceux qui ne mettent dans la société que du jargon et ne commercent que de manières ! L’honnête homme ne connaît pas le faux et paye de conduite. La bonne foi, la justice, l’ouverture de cœur, l’amitié sont les liens de la vie commune ; les plaisirs grossiers et violents, la débauche, le jeu, tout ce qui dégrade et divise doit en être considéré comme le fléau ; l’amour de l’estime en est l’âme. Les divers témoignages qui constituent les relations sociales ne sont que l’expression de ce sentiment, et ils ne comptent que s’ils sont à la fois aimables et sincères. Mme de Lambert fait elle-même une application charmante de cette règle au plus subtil et au plus exigeant de tous : la louange. « Le misanthrope ne sait pas louer : son discernement est gâté par son humeur. L’adulateur, en louant trop, se décrédite et n’honore personne. Le glorieux ne donne des louanges que pour en recevoir : il laisse trop voir qu’il n’a pas le sentiment qui fait louer. Les petits esprits estiment tout parce qu’ils ne connaissent pas la valeur des choses : ils ne savent placer ni l’estime ni le mépris. L’envieux ne loue personne, de peur de se faire des égaux. Un honnête homme loue a propos : il a plus de plaisir à rendre justice qu’à augmenter sa réputation en diminuant celle des autres. » Quand le savoir-vivre repose sur ce fonds de probité et qu’il atteint ce degré de délicatesse, reconnaissons qu’il n’est pas loin de mériter d’être classé au nombre des vertus.

Ce sentiment des devoirs de la sociabilité prend, à l’égard des inférieurs — domestiques et petites gens, — un