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ces résolutions de sagesse, il n’était rien qui ne fût de mise à la table de Mme de Lambert : philosophie, sciences, haute littérature ; nul n’ignorait qu’il fallait passer par son salon pour arriver à l’Académie. L’une des causes qui avaient contribué à refroidir l’abbé de la Rivière pour son ancienne amie, c’est qu’elle « s’était entêtée de rêveries platoniciennes. » D’autre part, il est peu de sociétés où Fontenelle eût rencontré un auditoire aussi bien préparé à goûter le langage de l’astronomie, même avec ce piquant qu’y ajoutait la grâce littéraire de ses démonstrations. Ce n’est point à Vaux-Villars enfin ni à Sceaux que la querelle des Anciens et des Modernes aurait trouvé le regain d’éclat qu’elle dut à Lamotte et à Mme Dacier. La duchesse du Maine voulait « que, même dans le plaisir, il entrât de l’idée et de l’invention. » Mais le plaisir, si ingénieusement que la matière en soit renouvelée, est toujours le plaisir ; à la longue il fatigue comme le reste et ennuie. On éprouvait le besoin de se renouveler dans des distractions solides ; et c’est chez Mme de Lambert qu’on venait chercher, suivant son heureuse expression, « ces joies sérieuses qui ne font rire que l’esprit. »

Parmi les sujets proposés à la controverse, il n’en était pas qui revînt plus souvent que les questions de morale et d’éducation intéressant les femmes. Certaines lettres de Lamotte nous font assister aux débats où l’abbé de Mongault et l’abbé de Bragelonne prenaient l’offensive contre le sexe, afin de provoquer les ripostes, qui ne se faisaient pas attendre. Si l’autorité de Saint-Évremond était invoquée avec tant de considération, c’est que, sur presque tous les points, elle était favorable au développement de l’éducation des femmes. Le sentiment