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de l’ordinaire. Les hôtes de fond étaient : Mme de Fontaine, Mlle de Caumont la Force, Mme de Murat, auteurs de petits romans de mœurs ou d’histoire, composés dans le ton des Nouvelles de Mme de la Fayette, fort en vogue de leur temps, agréables à lire encore aujourd’hui, et dont Marivaux et Voltaire n’ont pas dédaigné de s’inspirer ; — une parente de Corneille, nièce de Fontenelle, Catherine Bernard, qui tenait la parole et la plume avec grâce et sentiment ; — Mme de Caylus, « qui savait se passer des plaisirs, mais dont les plaisirs ne pouvaient se passer » ; — la présidente Dreuillet, recherchée pour l’art avec lequel elle composait, récitait ou chantait les petits vers ; — Mme de Vatry, qui lui disputait parfois ce privilège, « esprit juste et fin, cœur droit et sensible » ; — Mme de Saintonge, qui, alliée à une famille d’Espagne, s’était donné l’office de faire connaître les héritiers de Cervantès ; — Mme de Flammarens, « une beauté mystérieuse qui avait l’air de la Vénus de l’Énéide descendue sur terre et dont l’esprit était supérieur encore à la beauté » ; — Mme d’Aulnoy, qui se reposait de ses voyages en les racontant ; — Mme Dacier, prompte à l’attaque et à la riposte, dès qu’Homère était mis en cause, et prête, au premier mot, à descendre dans la lice pour ses héros et ses dieux ; — Mme de Staal-Delaunay, la confidente de la duchesse du Maine, toujours en veine de propos vifs et judicieux, qui au repas de réconciliation des Anciens avec les Modernes « représentait la neutralité » et se piquait, comme Mme de Maintenon, de n’avoir jamais eu d’autre folie que celle de la raison ; — Mme de Saint-Aulaire, la fille de la maîtresse de la maison, la sage et discrète Saint-Aulaire,