des réflexions fines sur le cœur humain, ou des tours d’expression ingénieux, mais le plus souvent des réflexions. »
Sa véritable famille fut celle dans laquelle le mariage la fit entrer. À dix-huit ans elle avait épousé le marquis de Lambert, et dès lors elle n’avait plus vécu que de la vie de son mari et des aïeux de son mari. « Je regrette tous les jours, disait-elle à son fils, de n’avoir pas vu votre grand-père. Au bien que j’en ai ouï dire, personne n’avait plus que lui le talent de la guerre. » Officier de grand mérite en effet, un des maîtres de Turenne, M. de Lambert aux mérites de l’intelligence joignait l’autorité du caractère. On rapportait qu’au siège de Gravelines, les maréchaux de Gassion et de la Meilleraye s’étant divisés et leurs troupes allant se charger, il s’était jeté entre les deux partis avec la confiance que donne le zèle du bien public et leur avait fait mettre bas les armes. Devenu gouverneur de Metz, il s’était montré avec la même résolution homme de désintéressement et de devoir, dût-il en coûter quelque chose à son avancement. Le mari de Mme de Lambert avait hérité de ces vertus simples et fortes, avec un moindre degré d’éclat. Pendant longtemps « il était resté brouillé avec la faveur » et il ne lui avait pas fallu moins de vingt ans pour franchir les divers échelons du commandement. Appelé enfin comme lieutenant général à la tête de la province du Luxembourg, il avait su, « par ces vertus faciles et sûres qui servent au commerce et qui unissent les hommes, par cet ensemble de qualités qui laissent les autres à l’aise et gardent les obligations pour soi, » faire goûter la domination française dans un pays qui la redoutait ; et, à la façon dont Mme de Lambert