honnêtes gens » ; elle se répète « qu’il y a bien peu d’hommes qui soient en état de comprendre le mérite des femmes. » Mais cette vengeance intime ne la satisfait point. Une telle inégalité de condition — que la nature n’a point créée et qui est l’œuvre de la force — l’humilie et l’irrite. Elle crie à l’usurpation, à l’injustice : « Quelle tyrannie que celle des hommes ! Ils prétendent que nous ne fassions aucun usage de notre intelligence ni de nos sentiments ; ils veulent que la bienséance soit aussi blessée quand nous ornons notre esprit que quand nous livrons notre cœur ; en vérité, c’est étendre trop loin leurs droits. » Elle ne pardonne pas à Molière d’avoir « déplacé la pudeur, attaché au savoir la honte qui était le partage du vice et fait que le ridicule est devenu plus redoutable que le déshonorant. » Ce sont les hommes aussi bien qu’elle entend défendre contre les entraînements de leurs propres violences. N’est-ce pas sur leur bonheur qu’ils entreprennent quand ils dégradent les compagnes de leur vie et les mères de leurs enfants ? « Oui, conclut-elle dans un passage où elle résume sa pensée agressive, je vous le demande de la part de tout le sexe : qu’attendez-vous de nous ? Vous souhaitez tous de vous unir à des personnes estimables, d’un esprit aimable et d’un cœur droit : permettez-leur donc l’usage des choses qui perfectionnent la raison. »
I
Ce qui soutient Mme de Lambert dans ses revendications et ce qui devait les justifier aux yeux des contemporains,