école de Rueil, « à tuer des poux, à graisser de la gale, à faire laver des pieds. » Saint François de Sales, le doux François de Sales, est sa lecture favorite. C’est elle-même enfin qui le dit : « elle a une sensibilité qui aurait besoin d’un rude mors. » Et malgré tout il semble que ce que les enfants, comme tout le monde, éprouvent à côté d’elle, tient surtout de la vénération. Mme de Caylus, Mlle d’Aumale, Jeanne de Pincré, la duchesse de Bourgogne, ses élèves de prédilection, et toutes les demoiselles qu’elle appelait auprès d’elle comme secrétaires, ont conservé le souvenir de sa dignité affable, plutôt que de son affection.
Elle possédait au plus haut degré l’esprit de l’éducation : en avait-elle l’âme ? Tout se lie dans le caractère comme dans la vie. Le chevalier de Méré, Bussy, ses ennemis eux-mêmes, nous la montrent en sa jeunesse tenant les courtisans à distance sous le charme de son regard spirituel et vif, mais froid. C’est également à une certaine distance de son cœur que nous laisse sa correspondance. On ne résiste pas au prestige de cette raison ornée, de ce bon sens fin, pénétrant, enjoué, tant qu’on a le livre en main ; le livre fermé, le prestige s’efface, et de cette nourriture si solide et si agréable il reste comme un arrière-goût un peu âpre. Quelle différence avec la moelleuse et onctueuse abondance, l’imagination émue, le cœur tendre de Mme de Sévigné ! Tandis que Mme de Sévigné semble s’exciter, pour ainsi dire, à s’abandonner, — car elle n’est pas sans excès non plus dans sa manière, — on dirait que Mme de Maintenon travaille toujours à se commander, à se contraindre, à se retenir : on sent que tel a été l’effort de toute son existence. Dans la grâce il lui manque