à la modeler dans une œuvre immense qui a eu son cours et à laquelle est resté attaché son nom. » Le dernier mot est-il dit, en effet ? Ne subsiste-t-il absolument aucune prévention ? Il nous semble qu’aujourd’hui encore ceux qui sont les plus disposés à goûter les talents et les vertus pédagogiques de Mme de Maintenon en demeurent à l’admiration et au respect. D’où vient cette sorte de réserve presque invincible ? Peut-être d’abord de ce que Mme de Maintenon a réussi en tout ce qu’elle a tenté ; elle remarquait qu’au milieu de ses traverses elle avait finalement été trop heureuse pour qu’on ne lui attribuât pas plus d’esprit qu’elle n’en voulut jamais avoir. Peut-être aussi de ce qu’elle aimait trop à parler d’elle-même ; ici encore, au surplus, elle comprenait le péril mieux que personne : « Nous aimons à parler de nous, disait-elle, en signalant la chose comme un défaut, dussions-nous parler contre » ; et elle ne parlait pas contre. Mais ne serait-ce pas surtout qu’alors même que nous sommes prêts à nous laisser porter par ce courant de bonne humeur, reposante et gaie, qu’elle fait entrer avec elle à Saint-Cyr, nous ne pouvons secouer la tristesse des ennuis et des malheurs de cette fin de règne si pesante ? Ou bien n’y aurait-il là que l’effet ineffaçable des calomnies de génie que Saint-Simon a si âprement attachées à sa mémoire[1] ?
Pour être en quelque sorte plus libre dans ses sentiments, on voudrait qu’il ne se fût conservé d’elle que ce