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demoiselles lui permettait de choisir parfois ou tout au moins d’aider à choisir pour chacune d’elles l’établissement qui pouvait le mieux lui convenir. Elle les suivait dans leur province, au milieu de leurs occupations journalières, les réconfortait, les animait au devoir, leur découvrait leur bonheur. Cette sorte de prolongement, cette durée qu’elle s’efforçait de donner à son action sur ses filles, elle était arrivée à en concevoir l’ambition et l’espérance pour Saint-Cyr. Son vœu suprême était de mettre la maison en état de se passer d’elle. « Voilà où je tends, écrit-elle, voilà le fond de mon cœur, voilà ce qui fait ma vivacité et mon impatience. » C’est la raison qui lui fait attacher tant d’importance à l’observation des moindres règles et à leur caractère de perpétuité. Plus elle avance dans la carrière, plus elle se convainc qu’elle ne fait que remplir une mission ; que c’est Dieu qui l’a appelée à fonder Saint-Cyr ; que dans les conseils de la Providence sa vie, si étonnante pour elle-même, n’a pas d’autre objet ; et en mourant, après trente ans d’efforts, dont le succès semblait assuré, elle dut emporter la pensée qu’elle avait accompli sa destinée.

XV

Après la publication des Lettres et Entretiens par M. Th. Lavallée, Sainte-Beuve écrivait : « La cause de Mme de Maintenon est désormais gagnée ; cette correspondance nous la montre arrivée dans un sens à la perfection de sa nature, et ayant réussi un jour à la produire,