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ses malades ; supérieure remarquable, élue l’année même de la mort de Louis XIV, et entre les mains de qui Mme de Maintenon laissa l’avenir de sa chère maison avec confiance : la seule, disait-elle, qui n’eût en rien trompé ses espérances, et qui la représentait si bien dans ses grâces solides que, d’après les Mémoires des Dames, pendant dix ans on crut la voir en elle, toujours vivante.

XIV

Ces conseils si pressants, ces directions si précises, Mme de Maintenon les appuyait de son action. Bien des institutions nous apparaissent dans le passé, indépendantes et comme isolées de leur fondateur : l’établissement créé, leur main s’était retirée. On ne conçoit pas Saint-Cyr sans Mme de Maintenon. Ce qu’elle avait été pendant tant d’années chez tout le monde, elle le devient dans cette maison où elle était chez elle : la lumière et le charme. Elle s’était fait réserver une chambre à Noisy. À Saint-Cyr elle avait un appartement : c’est là qu’elle se retira après la mort du roi. Elle ne faisait le plus souvent qu’y passer les journées. Mais quelles journées ! Le matin, elle arrivait avant le lever, et, à peine descendue de carrosse, elle s’utilisait ; elle aidait à habiller les petites, surveillait le ménage et prenait sa part de tous les embarras ; puis elle se rendait aux classes et suivait les exercices. Ses visites n’étaient jamais des surprises : on l’attendait toujours ; tant on savait bien que, si elle pouvait s’échapper, ne fût-