de la maison avec elle. On se complaisait dans les raffinements d’analyse intérieure, on recherchait « les délicatesses de grâce d’état, les beaux procédés, les ragoûts d’oraison » ; on était tout à l’esprit, ne voulant rien accepter, rien entendre qui n’en portât la marque. Mme de Maintenon faisait la guerre, une rude guerre, à ces précieuses de religion. Elle la faisait en vue des demoiselles, que l’exemple pouvait entraîner dans des voies funestes ; elle la faisait pour les maîtresses elles-mêmes, que cette agitation maladive détournait de leur devoir. L’esprit religieux était chez elle robuste et sain. Dans les supérieures elle cherchait le bon sens ; dans les novices, l’ouverture de cœur et la simplicité. À l’égard des Dames comme à l’égard des demoiselles, elle était sans pitié pour les fausses pudeurs : le jour où elle s’égayait aux dépens de la classe jaune qui avait rougi en entendant le mot de « culotte, » ou de la classe bleue devant laquelle on n’osait prononcer le mot de « mariage, » le trait atteignait les maîtresses en même temps que les élèves. Au fond, ces effarouchements puérils ne l’inquiétaient pas. Mais ce qu’elle surveillait avec une préoccupation inquiète, c’était le développement des dispositions au mysticisme. Elle en démêlait admirablement les ressorts cachés, elle en mettait à nu l’orgueil secret. Dans ces retours de la conscience sur elle-même, « dans ces picotements, ces scrupules, » elle savait trouver et n’hésitait pas à démasquer l’amour-propre « qui s’épluche pour se satisfaire et qui aime mieux se tourmenter que s’oublier. » À la piété qui enfle l’esprit et le dégoûte, elle opposait la piété qui inspire les sentiments généreux ; à la fausse simplicité dont on s’enorgueillit, la simplicité vraie qui fait qu’on se renonce, aux
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