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Mme Loubert, qui l’avait remplacée, avait à peine vingt-deux ans, et la maturité de celles qui lui servaient de conseil n’était guère plus avancée. Règlements, traditions, tout était à faire. On n’avait même pas l’exemple des couvents, puisqu’il s’agissait de rompre avec les pratiques des couvents. Mme de Maintenon était pénétrée du sentiment de ces difficultés. Elle comprenait admirablement surtout que les instructions les plus précises, se fussent-elles par miracle trouvées rédigées, ne pouvaient suffire. « Tout consiste dans la sagesse des Dames, disait-elle : avec cela, les choses iront bien ; sans cela, nous aurons beau établir des règles, nous ne ferons rien qui vaille. » Il s’agissait de créer l’âme de la maison. C’est la partie la plus personnelle et non la moins remarquable de son œuvre pédagogique.

Après avoir défini en quelques lignes dans des espèces de mémentos sommaires les principes de l’institution, elle s’imposa la tâche de les interpréter, de les éclaircir, de les développer, au jour le jour, suivant les besoins, écrivant, tantôt aux unes, tantôt aux autres, des lettres que l’on se communiquait, s’adressant aussi en certaines circonstances à tout le monde à la fois. En 1696 les Dames, comprenant le parti qu’elles pouvaient tirer de ces instructions pour leur édification propre et pour la préparation des novices, en firent faire des copies. On rassembla tout ce que l’on put découvrir, les billets familiers comme les autres, ceux même où se trouvaient moins d’encouragements flatteurs que de critiques utiles, et on les relia en volumes, qui furent déposés dans la bibliothèque de la communauté. Plus tard vinrent s’y joindre au fur et à mesure les lettres