ménagez vos noires, répétait-elle souvent, c’est notre honneur et notre force. »
Il n’existait cependant de privilège pour personne ; on n’avait égard ni à l’âge, ni à la naissance, ni à la protection. Mme de Maintenon se félicitait de voir ses propres parentes traitées comme les autres. Toute élève avait dans sa classe une table à part, ses obligations propres, une responsabilité personnelle. On cherchait à développer ce sentiment dans la conscience des demoiselles : à chacune suivant ses mérites. Le règlement était particulièrement sévère pour l’esprit de révolte, l’esprit de dépravation ou ce qu’on appelait l’esprit de nouveauté en matière de religion. C’était au contraire le suprême honneur d’être admise à participer soit à l’enseignement, soit à la surveillance : on usait beaucoup, à Saint-Cyr, des procédés d’éducation mutuelle. Mme de Maintenon les appréciait, pour les maîtresses comme un soulagement nécessaire, pour les demoiselles comme le moyen le plus efficace de commencer l’apprentissage de la maternité.
XIII
C’est cet ordre qu’il avait fallu organiser et soutenir. Pour l’organiser, Mme de Maintenon ne disposait, à l’origine, d’aucune ressource. Noisy lui avait fourni les cadres des classes ; mais les maîtresses faisaient défaut. Presque au lendemain de la translation, elle avait été obligée de se séparer de Mme de Brinon, dont l’expérience, si elle eût été plus sûre, aurait pu l’aider à les former.