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vigoureux les portraits de Condé, de Turenne, du cardinal Mazarin, de Colbert, de Louvois, et dressait le tableau de leur administration ou de leurs campagnes. Pendant la guerre de la succession d’Espagne elle leur envoyait les bulletins de l’armée, leur expliquait les marches, les entretenait presque jour par jour de ses angoisses et de ses espérances. On priait à Saint-Cyr à la suite de nos défaites, on célébrait nos moindres victoires ; en leur annonçant la nouvelle de la bataille de Denain, Mme de Maintenon leur faisait parvenir un programme de fête pour la récréation. « Vive Saint-Cyr, s’écriait-elle dans un élan où à son attachement pour son œuvre de prédilection s’unissait un vif et sincère sentiment de patriotisme ; puisse-t-il durer autant que la France, et la France autant que le monde ! » Et ce cri, dont l’écho retentit encore dans les Mémoires, faisait battre à l’unisson tous les cœurs. « Ce qui me plait dans les Dames de Saint-Louis, disait Louis XIV, c’est qu’elles aiment l’État, quoiqu’elles haïssent le monde : elles sont bonnes religieuses et bonnes Françaises. »

XII

Tels étaient les principes qui présidaient à l’éducation de Saint-Cyr. Mais pour apprécier l’action de Mme de Maintenon, il faut l’étudier de plus près encore et entrer dans le détail même de l’organisation générale et de la vie quotidienne de Ia maison.

La communauté de Saint-Louis comprenait quatre-vingts