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deux dernières années de leurs études, les élèves n’avaient guère d’autre besogne, en dehors des leçons qu’elles étaient chargées de répéter à leurs jeunes compagnes. Mais toutes les applications du travail manuel ne convenaient pas à Mme de Maintenon ; elle n’admettait ni « les ouvrages exquis et d’un trop grand dessin, » ni « les travaux toujours les mêmes, travaux de marchand, où l’on s’exerce à faire le mieux et le plus vite pour assurer le gain » ; elle voulait de la couture utile, variée, « passant du neuf au vieux, du beau au grossier, des habits aux bonnets et aux coiffes, » de la vraie couture de ménage : il s’agissait d’apprendre à raccommoder, à repriser, à broder, à tricoter, à tailler, « à faire un peu de tout. » Elle ne permettait les ouvrages de luxe qu’à l’occasion d’un besoin spécial, tel que le renouvellement ou l’organisation du mobilier d’une chapelle. Encore fallait-il revenir bien vite à l’ordinaire, c’est-à-dire à ce qui devait servir dans une famille chaque jour et toute la vie.

Ces vues très réfléchies se rattachaient, dans l’esprit de Mme de Maintenon, à l’idée qu’elle entendait donner aux demoiselles de leur destinée. Une de ses préoccupations les plus sensées était d’approprier l’éducation aux besoins. Elle avait en cela presque devancé Fénelon. À Maintenon et à Rueil, n’ayant affaire encore qu’à des garçons et à des filles de paysans, elle avait conçu la pensée, nous l’avons vu, d’une sorte d’enseignement professionnel : à Maintenon les garçons étaient préparés aux travaux de la filature, pour lesquels elle avait créé une fabrique ; à Rueil on faisait faire aux filles de la grosse couture usuelle, et on leur donnait des notions sur les métiers qui pouvaient leur permettre