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puanteurs, qu’on fit la grimace pour une fenêtre ou une porte mal close, qu’on demandât d’apporter ce qu’on pouvait aller prendre soi-même : Mme de Maintenon était là peut-être dans la chambre voisine, toute prête à noter les négligences et à gourmander les lâchetés. Cette activité domestique devait être considérée comme un honneur, bien loin de paraître une peine. Elle en triomphait ; elle aurait voulu qu’on vît tout Saint-Cyr le balai à la main.

Même dans les travaux de couture elle distinguait les ouvrages utiles. L’occupation manuelle était un des grands moyens d’éducation de Saint-Cyr ; on s’en servait pour ramener les enfants au silence, pour empêcher leur esprit de s’égarer. Mme de Maintenon ne connaissait pas de meilleure sauvegarde contre les dangers de l’oisiveté. Lorsqu’elle entreprit l’éducation de sa jeune belle-sœur, l’un de ses premiers soins fut de lui faire entreprendre une tapisserie de longue haleine : « avec quelques lectures et quelques conversations, c’était la seule façon vraiment sûre de l’attacher à son foyer. » Mme de Caylus, qui connaît si bien sa tante, glisse habilement, dans une lettre où elle lui fait une demande de services, l’avis qu’elle commence une broderie « qui la mènera loin. » En cela comme en bien d’autres choses Mme de Maintenon fournissait l’exemple avec le précepte : elle travaillait jusque dans les carrosses du roi. On conçoit donc que l’ouvrage jouât dans son plan d’études un rôle considérable. Sur dix lettres prises au hasard dans sa correspondance, on peut être sûr d’en trouver au moins une où elle en parle. Après la piété elle n’a peut-être pas de souci plus cher ; elle le poussait même à l’exagération. Dans les