et arrangés en forme de petites scènes que les élèves jouaient entre elles, sont de sa main. Si les Proverbes — préparés pour les demoiselles les plus jeunes — peuvent souvent paraître sans beaucoup de portée, la plupart des Conversations aujourd’hui encore sont intéressantes. Les meilleures contiennent des pensées vraiment exquises de justesse, de gravité familière, parfois de bonne grâce ; plus d’une définition morale — celles de la vertu, de la vraie noblesse, de la raison — serait digne de figurer à côté des maximes de la Bruyère ou de Vauvenargues ; certains mots, certains tours rappellent Pascal. Le caractère commun à toutes ces compositions, c’est qu’elles avaient pour objet de développer le jugement des demoiselles, en même temps que de leur donner des habitudes de langage de bonne compagnie, de les exercer tout à la fois à bien penser et à bien dire.
Les Entretiens et les Conversations se prêtant aux thèmes les plus divers, Mme de Maintenon s’en servait pour ouvrir à ses élèves toutes sortes de vues sur le monde. À de simples conseils de bienséance elle mêlait des aperçus saisissants, souvent hardis. S’attendrait-on à trouver dans un manuel d’éducation : une profession de foi en faveur du libre échange, « loi naturelle entre deux pays dont l’un produit du blé, l’autre du vin » ; — une déclaration de principes sur l’égalité de l’impôt, auquel personne ne doit se dérober « en s’ingéniant à faire valoir des motifs d’exemption » ; — des réflexions pressantes sur l’obligation du service militaire, sauvegarde commune pour la sécurité du pays ; — une défense des pauvres, « qu’écrasent les tailles et les corvées » ; — une apologie du mérite personnel, « qui peut