Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

les sources de la réflexion. Si les écritures étaient devenues rares à Saint-Cyr, si la lecture surtout était insuffisante et monotone — on n’avait plus guère à sa disposition que Saint François de Sales et quelques écrits de morale religieuse, — on y suppléait merveilleusement par ce que nous appelons les exercices oraux de langage et de raisonnement. La pédagogie moderne n’a sous ce rapport rien trouvé que les Dames de Saint-Louis n’eussent, dans une certaine mesure, appliqué en perfection. Je ne crois pas qu’à proprement parler elles aient jamais enseigné la grammaire autrement que dans ses principes essentiels ; l’orthographe des demoiselles — des plus grandes — n’était même pas très sûre, à en juger par les lettres que Mme de Maintenon leur renvoyait corrigées de sa main : sans rien négliger de ce qui pouvait être de conséquence pour la rectitude du jugement, elle n’attachait qu’un intérêt secondaire aux règles de l’usage, si mal défini encore de son temps ; mais elle recommandait d’étudier la langue dans son génie, de pénétrer les finesses et de saisir les nuances de l’expression. « Rien n’ouvre tant l’esprit, disait-elle, que la dissertation des mots. C’est un des moyens qui m’a le mieux réussi pour M. du Maine. » Chez elle, elle faisait apprendre l’espagnol à Mlle de Villette, « aucune étude ne lui paraissant plus utile pour comprendre le mécanisme de son propre idiome que de le comparer avec celui d’un idiome étranger. » À ces exercices d’analyse étaient entremêlés ou succédaient des exercices de synthèse grammaticale, c’est-à-dire de reproduction ou d’invention de phrases suivies, d’un sens net et par là même toujours correctes, le mot ne faisant que s’adapter à la pensée après que la