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vous êtes fâchée de leurs fautes pour leur propre intérêt, et que vous êtes pleine d’espérance qu’elles se corrigeront. » Enfin, dans ces procédés de justice affectueuse, elle insistait particulièrement sur les distinctions à observer entre les tempéraments. Pour les unes, un regard suffira, pour les autres, un mot (et en général les longs discours ne portent pas) ; pour celle-ci, la réprimande publique, pour celle-là, une conversation particulière. L’enfant se fait juge du traitement qui lui est appliqué, et le châtiment ne lui profite que s’il répond au regret qu’il éprouve. L’essentiel est de provoquer en lui ce retour sur soi-même, « de le faire entrer en raison. »

X

La discipline que Mme de Maintenon appliquait à l’éducation de l’esprit participait du même caractère. Les Dames de Saint-Cyr lui demandaient un jour quel cas il fallait faire de la mémoire, et elle répondait : « C’est un talent qui a son utilité comme un autre, mais je ne voudrais pas qu’on estimât une fille pour ce seul avantage ; une marque qu’il est peu solide, c’est qu’on l’attribue à notre sexe, tandis qu’on réserve le jugement aux hommes. Il vaut mieux que les enfants sachent moins de choses et qu’elles les comprennent. » Elle ne se faisait pas illusion d’ailleurs sur ce qu’il est possible d’obtenir. « Il ne faut point forcer l’esprit des enfants, disait-elle avec énergie, ni s’opiniâtrer à les rendre toutes des merveilles, car il est impossible que dans un aussi grand