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Cyr, incomparablement supérieur encore, par la largeur et l’étendue, à celui de tous les couvents du dix-septième siècle, est resté inférieur à ce que la première expansion semblait avoir promis.

IX

Mais ce qu’elle retranchait à l’instruction proprement dite, Mme de Maintenon le donnait à l’éducation sans compter. « Beaucoup de maximes et peu de latin, » disait-elle au duc de Montchevreuil en traçant avec lui le plan des études du duc du Maine, et, le jour où le précepteur manquait la leçon de latin, elle s’écriait : « Victoire, voilà une journée de gagnée ! » C’est l’excès plaisant de ses sentiments ; mais il en indique bien la direction.

Mme de Maintenon estimait comme Leibniz qu’être maître de l’éducation, c’est être maître du monde. Dans Saint-Cyr elle voyait « de quoi renouveler par tout le royaume la perfection du christianisme. » Elle n’avait d’abord songé qu’à venir en aide à quelques nobles misères. Son ambition s’était trouvée dépassée : « l’arbre, après avoir enfoncé ses racines en terre, avait bientôt de toute part poussé ses rameaux. » On demandait des élèves à Saint-Cyr pour fonder des établissements nouveaux sur le plan de la maison mère ou pour réformer ceux qui existaient. Mme de Maintenon n’eut pas de plus grande satisfaction peut-être que de voir les idées qu’elle professait prendre sous ses yeux la force d’une tradition et s’emparer par avance de