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dire mot ; les moins dociles murmurèrent un peu » ; mais on rabattit bientôt ces saillies de jeunesse, et trois mois s’étaient à peine écoulés qu’une maîtresse pouvait dire le sourire aux lèvres à Mme de Maintenon, en lui exagérant les effets de ses instructions nouvelles : « Consolez-vous, Madame, nos filles n’ont plus le sens commun. »

VIII

Quelle fut exactement la portée de la réforme ? Apres que les passions furent apaisées, que resta-t-il du plan primitif de Saint-Cyr, et dans quelle mesure le nouveau système prit-il le dessus ?

C’est la pensée de Fénelon, nous l’avons vu, dont s’était manifestement inspirée au début Mme de Maintenon. L’auteur du traité de l’Éducation des filles établissait sagement, dans son programme, des différences et des degrés[1]. Pour toutes il exigeait, avec la religion, les éléments de la grammaire, des notions d’arithmétique et les principes de l’économie domestique. Pour celles qui étaient destinées à vivre à la ville ou à la cour, il ajoutait les histoires grecque et romaine, « où elles devaient voir des prodiges de courage et de désintéressement » ; l’histoire de France, « qui a aussi ses beautés, et celles des pays voisins et des pays éloignés qui sont judicieusement écrites » ; les éléments du droit et des coutumes ; l’éloquence, la poésie, la musique,

  1. Voir plus haut l’étude sur Fénelon, page 43.