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de circonspection, les résultats du moins en furent salutaires. Louis XIV croyait volontiers expier ses fautes quand il se montrait inexorable pour celles des autres. Mme de Maintenon, qui le remarque, le ramena à un sentiment mieux éclairé de ses devoirs. Elle ne pouvait lui donner des idées plus larges que celles suivant lesquelles elle s’était elle-même toujours dirigée ; mais elle avait le souci profond de ce qu’il devait à sa gloire et à ses malheurs. C’est le jugement qu’en porte avec impartialité M. Th. Lavallée, s’inspirant de Dangeau[1]. « Elle borna trop sa pensée et sa mission au salut de l’homme et aux affaires de la religion ; l’on peut même dire qu’en beaucoup de circonstances elle rapetissa le grand roi ; toutefois elle ne lui fit entendre que des conseils désintéressés, utiles à l’État et au soulagement du peuple ; et en définitive elle a fait à la France un bien réel, en réformant la vie d’un homme dont les passions avaient été divinisées, en arrachant à une vieillesse licencieuse un monarque qui, selon Leibnitz, faisait seul le destin de son siècle ; enfin, en le rendant capable de soutenir avec un visage toujours égal et véritablement chrétien les désastres de la fin de son règne. »

VI

La seule affaire où Mme de Maintenon ne réserva rien d’elle-même, qui l’absorba et qui la révéla tout entière,

  1. « C’était une femme d’un si grand mérite, dit Dangeau, qui avait fait tant de bien et tant empêché de mal durant sa faveur, qu’on n’en saurait rien dire de trop. »