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que de gouverner, ménageant son crédit et ne l’employant qu’avec une circonspection extrême. »

Les questions de foi sont les seules qu’elle eût vraiment à cœur. Autant elle manquait de goût pour l’administration du royaume, autant elle mettait de zèle à administrer la conscience du roi. Cette intervention dans les affaires de l’Église lui a fait attribuer une part considérable dans la persécution des protestants. Il est aujourd’hui acquis à l’histoire que la révocation de l’édit de Nantes a été « un acte politique » ; le mot est de Michelet. Toutefois il reste incontestable qu’il s’y mêla beaucoup de passion religieuse. Or à cet égard particulièrement Voltaire décharge Mme de Maintenon de toute responsabilité directe. « Elle toléra cette persécution, dit-il, comme elle toléra celle du cardinal de Noailles, celle de Racine ; mais elle n’y participa pas : c’est un fait certain. » Tel est aussi le sentiment d’un étranger, Ézéchiel Spanheim, envoyé extraordinaire de Brandebourg, qui, sous le coup de l’événement et témoin désintéressé, écrivait en 1690 : « On ne saurait rien dire, sinon qu’elle a tout sacrifié au penchant du roi et à la résolution qu’il avait prise depuis longue main ; qu’elle a voulu s’en faire un mérite auprès de lui ; qu’elle a pu même se flatter quelque temps qu’on viendrait à bout de ce grand dessein sans y employer des moyens aussi extraordinaires et aussi violents que ceux dont on s’y est servi dans la suite ; qu’elle n’a pas eu alors ou le pouvoir ou la volonté de l’en détourner et que la bigoterie est venue au secours de la prévention et d’ailleurs de son entière résignation aux volontés de l’engagement du roi. » Cette appréciation résume exactement,