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de Montchevreuil et sa femme à la cour. On doit croire avec Mme de Caylus qu’elle n’était pas fâchée de produire une personne d’une réputation sans reproche avec laquelle elle avait vécu dans tous les temps, et qu’il ne lui parut pas inutile non plus d’avoir tout auprès d’elle une femme sûre et secrète jusqu’au mystère ; mais il faut bien reconnaître aussi avec Saint-Simon, qui n’a pas souvent de ces bons mouvements, qu’elle demeura « fidèle à tous ses vieux amis. » Elle avait élevé un monument à la mémoire de Scarron, dès que ses ressources lui avaient permis de le faire. Elle tenait à honneur de conserver ce qu’elle appelait ses charges d’héritage à l’égard des couvents où elle avait été élevée. Elle se souvenait de ses moindres parents de province. À peine avait-elle accepté l’éducation des enfants de Mme de Montespan, qu’on la pressait de sollicitations. Son frère surtout, toujours besogneux, ne les lui épargnait point. Elle avait commencé par le remettre à sa place : « Je ne pourrais vous faire connétable, quand je le voudrais ; et, quand je le pourrais, je ne le voudrais pas, étant incapable de vouloir rien demander de déraisonnable à celui à qui je dois tout et de qui je n’ai pas voulu qu’il fit pour moi-même une chose au-dessus de moi. Ce sont des sentiments dont vous pâtirez peut-être ; peut-être aussi, sans l’honneur qui les inspire, je ne serais pas où je suis. » Mais, après avoir donné à d’Aubigné cette leçon de dignité, elle lui ouvrait généreusement sa bourse. Elle n’admettait, pour la servir, que ceux qui l’avaient toujours servie : Bontemps, Nanon, Manceau, la gouvernante à laquelle elle s’était attachée chez Mme de Villette, et son fils Delile ; elle continuait d’écrire deux fois par semaine à sa mère Céleste,