Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

en deux fois les 200 000 livres de surplus que coûta Maintenon, et ce n’est qu’en 1679, à la suite de l’acquisition de trois petites terres voisines, que le revenu total du domaine, qui était de 12 000 livres, atteignit 15 000. Le jour où elle entra en possession, elle éprouva comme un soulagement de sécurité. « Dès que je passai la cour du château, disait-elle à ses filles de Saint-Cyr, je regardai avec un extrême plaisir la fenêtre de la chambre que je croyais la principale, pensant en moi-même : ce sera là que je finirai mes jours ; je n’avais pas d’autre dessein que de vivre en paix avec mes paysans. » C’est la même satisfaction qui lui fait écrire à Charles d’Aubigné : « Mon cher frère, je crois que nous passerons une assez jolie vieillesse, s’il peut y en avoir de jolie : nous ne mourrons pas de faim. » Elle est encore toute à cette pensée lorsque, quelques mois plus tard, au cours de son voyage aux Pyrénées, s’étant arrêtée à Niort, où elle n’était pas revenue depuis plus de vingt ans, et s’amusant à réunir ses titres de noblesse, elle exprime le regret de n’avoir pas choisi de préférence pour se retirer le pays de ses ancêtres.

Si l’on entreprend d’analyser ce sentiment, ce qu’on y trouve, outre le goût sincère du repos — goût justifié par tant d’années d’agitation douloureuse, — c’est la lassitude « des choses terribles qui se passaient entre elle et Mme de Montespan. » L’inimitié avait couvé longtemps. Mme de Sévigné écrivait le 7 août 1675 : « Je veux vous faire voir un petit dessous de cartes qui vous surprendra ; c’est que cette belle amitié de Mme de Montespan et de son amie est une véritable aversion depuis près de deux ans… L’amie est d’un orgueil qui la rend révoltée contre les ordres