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une de ces œuvres de pédagogie auxquelles Mme de Genlis, Mme Campan, Mme Guizot, Mme de Rémusat, Mme Necker de Saussure ont attaché leur nom et que nous retrouverons dans la suite de ces Études. Mais si elle répugne visiblement à toute idée de système ou de théorie, ses lettres contiennent sur l’éducation qu’elle s’est elle-même donnée et sur l’éducation de ceux qui lui sont chers, nombre de vues profondes, de détails ingénieux, piquants, exquis, qui, sans permettre de la classer au nombre des femmes dont l’autorité puisse être invoquée dans la question qui nous occupe, expliquent le patronage que nous revendiquons.

Que n’a-t-on pas dit de l’amour maternel de Mme de Sévigné ? On connaît surtout la mère. La grand’mère n’est pas moins admirable. C’est dans l’autorité qu’elle a exercée à ce titre que se révèle le mieux peut-être tout ce qu’il y avait de sagacité, de force, de portée au fond de cette exubérante tendresse.

« Il me semble que je la vois encore, racontait l’abbé Arnauld, telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de monsieur son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poètes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la petite Diane… » C’est ainsi que la postérité se la représente volontiers. Elle adorait son fils, elle idolâtrait sa fille. Pendant la jeunesse du chevalier, elle est là, l’œil et l’oreille au guet, épiant l’