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chevelure ; plus tard elle avait rendu le même office à la femme de chambre de Mme de Villette, qui en faisait une récompense, et c’est par cette dextérité qu’elle devait achever de gagner les bonnes grâces de la dauphine. Chez Mme de Montchevreuil, qui était continuellement malade, elle prenait soin du ménage, emmaillotait les enfants et réglait les comptes. Partout elle se faisait un honneur de distraire les vieilles gens, de se tenir au chevet des malades, et elle y déployait « les ressources infinies d’un esprit amusant au dernier point» (Saint-Simon). Elle aurait, disait-elle, renoncé à la dévotion plutôt que de la rendre maussade et désobligeante. Le chevalier de Méré, dont il faut un peu se défier, mais qui ne fait que résumer ici le sentiment répandu dans tous les écrits du temps, la représente à cette époque, non seulement comme belle et de cette beauté qui plaît toujours, mais comme reconnaissante, secrète, douce, fidèle à l’amitié et ne faisant usage des dons qu’elle avait en partage, qu’au profit des autres ou pour leur récréation.

Ce goût naturel des choses de l’éducation, cette précoce expérience de la vie, cette solidité d’esprit et de caractère devaient assurer le succès de la fonction à laquelle elle avait décidé de se donner. Le premier enfant de Mme de Montespan, une petite fille née en 1669, vécut trois ans à peine ; mais quatre autres étaient venus ensuite : le duc du Maine (1670), le comte du Vexin (1672), Mlle de Mantes (1673) et Mlle de Tours (1674) : Mme Scarron les éleva tous ; et au début il semble que la discrétion même dans laquelle elle était obligée de s’envelopper ajoutait à la situation une sorte d’attrait. Elle était faite pour le mystère. « Je montais