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de la volonté. Elle avait retenu de Plutarque qu’il faut vivre avec ses amis du jour comme s’ils devaient être les ennemis du lendemain. Mme la maréchale d’Albret lui avait appris qu’il vaut mieux s’ennuyer avec des femmes de mérite, fussent-elles de peu d’esprit, que de se divertir avec d’autres. Elle pensait enfin avec un des commensaux de Mme de Sévigné, M. BarilIon, qu’il n’y a rien de si habile que de se conduire toujours et avec toutes les sortes de personnes d’une manière irréprochable. « Je voulais, disait-elle, faire prononcer mon nom avec admiration, jouer un beau personnage : c’était mon idole, ma folie. Il n’y a rien que je n’eusse été capable de faire et de souffrir pour faire dire du bien de moi. Je me contraignais beaucoup ; mais cela ne me coûtait rien, pourvu que j’eusse une belle réputation. Je ne me souciais pas des richesses ; j’étais élevée de cent pieds au-dessus de l’intérêt ; je voulais de l’honneur. » Mais à ce soin jaloux de bonne gloire elle unissait toutes les grâces d’un esprit qui, sans cesser de s’appartenir, n’était pas moins capable de se divertir que de s’ennuyer, où il le fallait. Aucun sacrifice ne lui était pénible — sacrifice de temps, de santé, de plaisir — pour se rendre utile ou agréable. Elle était de ces personnes dont on ne peut se passer, dès qu’elles se sont introduites. Sans se faire valoir, presque sans se faire voir, elle devenait l’âme de la maison ; elle en était le conseil et le charme. Levée dès six heures, toujours en quête d’un devoir à remplir, d’un service à préparer, elle faisait tout comme si elle n’avait à faire rien autre chose. Aucun petit talent ne lui semblait à dédaigner. Dans son enfance elle excellait à coiffer sa mère, surtout à démêler son épaisse