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de sa haute fortune. » C’est à l’hôtel d’Albret qu’elle l’avait connue. M. de Montespan, cousin germain du maréchal, ne bougeait de chez lui, dit Saint-Simon, et il ajoute que Mme de Montespan et Mme Scarron s’étaient convenu dès l’abord et bientôt prises d’amitié. Elles avaient en outre une liaison commune, une autre parente du maréchal, Mlle de Pons, devenue à vingt-deux ans marquise d’Heudicourt, « belle comme le jour, toujours nouvelle et divertissante, de toutes les confidences. » On eût pu croire que c’était à Mme d’Heudicourt qu’en raison d’une connaissance plus ancienne Mme de Montespan devait de préférence demander les services dont elle avait besoin ; mais les qualités dignes et secrètes de Mme Scarron offraient plus de garanties. Elle lui fit donc proposer d’élever ses enfants. Mme Scarron ne consentit pas sans résistance. Le poste n’avait rien qui, pour le temps, pût blesser la délicatesse. Mme Colbert l’avait accepté auprès de Mlle de la Vallière sans en recueillir d’autre sentiment que l’envie. Moins accommodante sur ce point, Mme Scarron ne laissait pas de tenir « cette sorte d’honneur pour un peu singulier. » « Si ces enfants sont du roi, répondit-elle à la fin, je le veux bien ; mais il ne me convient point de prendre ceux de Mme de Montespan. Il faut que, s’il le désire, le roi me l’ordonne. » Le roi ordonna.

III

Elle était prête à ce rôle de gouvernante, et la vie de la cour, à laquelle tôt ou tard elle devait être associée, n’était pas pour l’étonner.