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a merveilleusement saisi et fixé cette éclaircie de la première partie de sa vie. « Avec cette modique pension, dit-elle, on la vit toujours honnêtement et simplement vêtue ; ses habits n’étaient que d’étamine de Lude, du linge uni, mais bien chaussée et de beaux jupons ; et sa pension avec celle de sa femme de chambre et ses gages suffisaient à sa dépense ; elle avait même encore de l’argent de reste. Elle ne comprenait pas, répétait-elle alors, qu’on pût appeler cette vie une vallée de larmes. » Comme au temps de Scarron, elle continuait de voir la meilleure compagnie ; elle fréquentait surtout les hôtels d’Albret et de Richelieu. « Elle y plaisait infiniment par ses grâces, son esprit, ses manières douces et respectueuses et son attention à plaire à tout le monde. » (Saint-Simon.) C’est probablement de cette époque qu’elle voulait parler lorsqu’elle disait aux Dames de Saint-Cyr : « Le temps de ma jeunesse a été fort agréable ; n’ayant point d’ambition, ni aucune de ces passions qui auraient pu troubler le bonheur que je trouvais dans la sorte de vie que je m’étais ménagée, je ne connaissais ni le chagrin ni l’ennui. »

La mort d’Anne d’Autriche (20 janvier 1666) faillit la replonger dans la pauvreté. Il ne semble pas qu’elle ait longtemps cessé de recevoir sa pension ; un brevet du roi la lui rendit presque immédiatement. Mais il est certain qu’elle eut la pensée d’aller chercher une condition à la cour du Portugal auprès de la reine, qui lui proposait de l’emmener. Ses amis trouvaient l’occasion avantageuse. Après de longues et pénibles hésitations, « son étoile l’emporta. »

Elle était loin cependant de penser, à ce moment, « qu’après Dieu, Mme de Montespan dût être la première cause