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Elle passait ses carêmes, dit Mme de Caylus, à manger un hareng au bout de la table et se retirait aussitôt dans sa chambre, parce qu’elle avait compris qu’une conduite moins exacte à l’âge où elle était ferait que la licence de cette jeunesse n’aurait plus de frein et deviendrait préjudiciable à sa bonne réputation. » Scarron le premier avait subi le joug de son attrayante et imposante vertu : « au bout de trois mois il était corrigé de bien des choses. » « S’il fallait manquer à la reine ou bien à elle, disait un des habitués de la maison, j’aimerais mieux le faire à l’égard de la reine. »

Cette vie, tout à la fois brillante et discrète, d’une austérité riante et d’un éclat voilé, si différente de celle qu’elle avait menée jusque-là et par laquelle elle semblait préluder à l’avenir qui l’attendait, dura huit ans à peine. Scarron mourut le 6 octobre 1660, laissant dix mille livres de biens et vingt-deux mille livres de dettes. Il est vrai que, par son contrat de mariage, il avait reconnu vingt-trois mille livres de dot à sa veuve. Tout compte fait, Mme de Maintenon aurait pu, après avoir plaidé, retirer de la succession quatre à cinq mille livres. Elle préféra renoncer au procès et à la succession. « Je ne suis pas destinée à être heureuse, écrivait-elle alors à son frère ; voilà l’état où me laisse ce pauvre homme qui avait toujours quelque chimère dans la tête et qui mangeait tout ce qu’il avait de liquide sur l’espérance de la pierre philosophale ou de quelque autre chose aussi bien fondée. »

Elle se retira au couvent des Hospitalières de la place Royale, qu’on appelait la Charité de Notre-Dame ou la Petite Charité. Une parente de Scarron, la maréchale d’