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vous n’imaginez l’enfer que m’est cette maison soi-disant de Dieu. La vie m’est pire que la mort. » (1648.) Mme de Villette ne pouvait répondre et ne répondit pas. On en revint au système de la persuasion. Françoise résista longtemps encore, se défendant pied à pied, discutant les textes, fatiguant les ministres et les abbés la Bible à la main, et « ne consentit à se rendre que lorsqu’elle crut reconnaître de quel côté était la droiture. »

Sortie du couvent, elle vint rejoîndre, dans une petite chambre de la rue des Tournelles, au Marais, sa mère, qui vivait du produit de son travail et d’une rente de deux cents livres que la famille de son mari avait consenti à lui faire (1649). Dès ce moment, la petite-fille de d’Aubigné, du vaillant compagnon d’armes tutoyé par Henri IV, que le souvenir des hauts faits de son aïeul avait « si mal aidé à surnager, » était par elle-même en réputation de beauté, d’esprit et de raison. On l’appelait la jeune Indienne, en souvenir de son voyage en Amérique ; et ce nom avait fait fortune dans le monde qui fréquentait l’hôtel de Scarron. Le vieux poète avait besoin de renseignements sur la Martinique, où il avait conçu le projet d’aller s’établir. Mme de Neuillant lui amena Mme d’Aubigné et sa fille. Françoise apparut dans le salon, rempli comme de coutume, avec une robe si courte et une toilette si pauvre qu’elle en rougit et se mit à pleurer. Scarron ayant voulu lui faire remettre une somme d’argent, elle refusa avec hauteur. Commencées sous ces auspices, les relations furent presque aussitôt brisées. Peu de mois après, Mme d’Aubigné était contrainte par la misère de quitter Paris. À peine arrivée à Niort, où elle voulait se retirer, elle