à soutenir avec fermeté les maux de la vie. » Ses deux maximes favorites étaient : la première, de ne jamais faire en particulier ce qu’on n’oserait faire devant des gens de respect ; la seconde, de regarder toujours, pour mesurer son bonheur, au-dessous et non au-dessus de soi : maximes de retenue et de sagesse qui, sur plus d’un point, résument, nous le verrons, la morale pratique de Mme de Maintenon.
À ne considérer que ses affections, sa vraie mère fut Mme de Villette. Elle avait passé ses premières années à Mursay. Pendant que Mme d’Aubigné était à Paris, soit à demander la grâce de Constant, soit à poursuivre ses revendications, c’est Mme de Villette qui l’avait recueillie, quelquefois avec ses deux frères, le plus souvent seule. Elle y resta seule encore, lorsque, au retour de la Martinique, Mme d’Aubigné reprit ses instances contre les membres de sa famille par qui « elle était persécutée et dépouillée. » Mme de Villette avait été l’enfant privilégiée d’Agrippa, qui l’appelait sa fillette, son unique ; elle était imbue de ses croyances et de son esprit. Bien que Françoise, sur le vœu de sa mère, eût été à sa naissance vouée à l’Église catholique, elle l’avait fait instruire dans la religion réformée. Constant n’y trouvait rien qui lui déplût et il n’était pas au pouvoir de Mme d’Aubigné de rien empêcher : comment eût-elle élevé sa fille ? Elle se résignait donc, non sans tristesse, mais elle se résignait. L’enfant était d’ailleurs délicate et maladive. « Je crains bien, écrivait-elle à Mme de Villette, que cette pauvre galeuse — Françoise avait pris la teigne — ne vous donne bien de la peine. Dieu lui fasse la grâce de s’en pouvoir revancher ! » La revanche fut sincère et durable.