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le développement. Rien n’est donné à la parure. Fénelon traite familièrement les choses familières, parle des petites choses comme de petites choses et ne les relève que par la vivacité du tour. Soit qu’il signale ce qu’il y a de délicatesse fâcheuse « à gronder un valet pour un potage mal assaisonné, pour un rideau mal plissé, pour une chaise trop haute ou trop basse, » soit qu’il mette la mère en garde contre les dangers de l’office, où l’enfant entendra « médire, mentir et disputer, » il ne recule pas devant le détail expressif. Il peint l’ordre d’une bonne maison en homme qui s’est rendu compte et dont l’administration diocésaine provoquait l’admiration de Saint-Simon. Partout en un mot il a cette admirable égalité de ton qui résulte du rapport exact, de l’exquise harmonie de la pensée et de l’expression. Suivant le mot d’un juge délicat, M. de Sacy, « l’Éducation des filles est du Xénophon écrit avec une plume chrétienne. » La simplicité aimable en est le fond. On a dit de cette simplicité qu’elle n’est pas celle par où l’on commence, mais celle à laquelle on revient à force d’esprit, d’art et de goût. Il serait vraiment sévère de n’y pas faire aussi la part de la nature. Il en est de la physionomie littéraire de Fénelon comme de sa physionomie morale, qui « rassemblait tout et où les contraires ne se combattaient pas » (Saint-Simon). Jamais les femmes n’ont parlé des femmes dans une plus heureuse et plus juste mesure de convenance et de charme, de grâce et de solidité.